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Environnement et irrigationhttps://www.lienhorticole.fr/filiere/article/843650/le-loiret-etudie-la-possibilite-de-reutiliser-les-eaux-traitees Le Loiret étudie la possibilité de réutiliser les eaux traitées

La station de Neuville-aux-Bois (Loiret) traite 600 m3 d’eau par an et les rejette dans la petite rivière nommée la Laye du Nord. Ces eaux pourraient peut-être servir, pour une partie, à l’irrigation.

En juillet dernier, dans le Loiret, le Cerema a présenté les premières pistes pour mieux recycler les eaux sorties de station d'épuration. À l’aide d'une cartographie du département, les secteurs géographiques et les différents usages envisageables ont été répertoriés. Reste aux collectivités à s’emparer de cette question à une échelle plus locale.

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Réutiliser l’eau traitée, à la sortie des stations d’épuration : cette idée est de plus en plus présente en France depuis la sécheresse de 2022. En effet, la France réemploie moins de 1 % de son eau traitée, contre 18 % en Espagne et 80 % en Israël. L’objectif du gouvernement est de franchir la barre des 10 % en 2030.

Le département du Loiret et le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) ont lancé une étude* sur la possibilité de réutiliser ces « eaux grises » pour différents usages. Si quelques communes ou industriels s'en servent déjà, c’est la première fois en France qu’un département étudie leur réemploi à une si grande échelle.

Alors, où et comment réutiliser les eaux qui sortent des 214 stations d’épuration du Loiret ejetées – actuellement – dans les cours d’eau et les nappes souterraines ? L’établissement public a commencé par analyser les milieux naturels. Quels sont les secteurs, parmi les 76 sous-bassins versants, où il y a une récurrence de sécheresses l’été, un étiage sévère, un point important de recharge de la nappe de Beauce ? Afin de maintenir le cycle naturel de l’eau, ces zones seront exclues de la « Reut » (solution de réutilisation des eaux usées traitées).

Changer les textes ?

Le deuxième critère d’étude a été la qualité des cours d’eau et l’alimentation des zones humides. La majorité des cartes montrent une potentialité, voire une forte pertinence, de réutiliser les eaux dans le nord du Loiret et en Beauce, moyenne pour la petite Beauce et une partie de l’est du Loiret.

À noter : plus de la moitié du département (Orléanais, Sologne, nord-est, etc.) est exclue de la réutilisation des eaux en période estivale. Ce qui a fait réagir Jean-Luc Riglet, président de la commission agriculture, environnement et transition du département du Loiret, lors de la restitution, le 6 juillet dernier, à la station de Neuville-aux-Bois. « C’est bizarre d’exclure la période estivale, alors que c’est le moment où l’on en a le plus besoin. Cela pose la question du stockage, mais c’est un sujet gênant en ce moment. Le stockage de l’eau, en France, est tellement réglementé que, si les politiques ne changent pas les textes, notre étude pourrait tomber à l’eau ! »

Volume faible en proportion de l’irrigation

Un deuxième volet de l’étude s’intéresse aux usages possibles de cette eau recyclée. Concrètement, est-ce que le volume d’eau traitée pourrait se substituer à l’irrigation, le secteur agricole étant le premier usager ? « On n’est pas sur les mêmes échelles », prévient Sandrine Gérard, directrice du service eau, environnement et territoire au département du Loiret. En effet, 41 millions de mètres cubes (Mm3) d’eau potable sont traités chaque année, contre 131 Mm3 prélevés pour l’irrigation. Sans oublier les autres usages de l’eau pour l’industrie, les loisirs (golfs), les arrosages d’espaces verts, etc. Les volumes substitués risquent d’être faibles…

Cap Loiret, pour accompagner les communes

La question de la qualité des eaux en sortie de station d’épuration se pose aussi en fonction des usages.
Grâce à cet outil d’aide à la décision, chaque commune pourra étudier les avantages quant à la réutilisation des eaux sur son territoire. Le département du Loiret va lancer un appel à projets début 2024 dans ce sens. Il s’engage également, via Cap Loiret – son service d’ingénierie gratuite –, à accompagner techniquement les communes qui en feront la demande.

Si les travaux d’acheminement de l’eau sont engagés rapidement, des agriculteurs situés dans les zones sélectionnées pourraient au mieux bénéficier de cette eau en 2026.

Quid du prix ? « Vu les investissements nécessaires dans les stations d’épuration, l’eau usée traitée et recyclée ne sera pas forcément moins chère que l’eau potable », conclut Jean-Luc Riglet.

*D’un montant de 42 000 €, financée à 80 % par les agences Loire-Bretagne et Seine-Normandie.

 

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